« Les baby-boomers sont également une génération sociologique. Selon la théorie de William Strauss et Neil Howe, la génération des boomers occidentaux serait composée en grande partie d’idéalistes et d’égocentriques.
Le sociologue français Louis Chauvel souligne la chance des membres de cette génération, dans les pays occidentaux, et souligne ce qu’il considère comme leur responsabilité dans la crise vécue par les générations suivantes. L’énorme poids démographique, mais aussi économique et culturel de cette génération tend à faire de l’ombre à celles qui l’ont précédée et, surtout à celles qui suivent, qui connaissent une situation économique et professionnelle beaucoup moins porteuse et ont en plus à assumer le financement de la vieillesse de la génération du baby-boom (retraites, soins, EHPAD). Ce ressentiment, tout d’abord représenté dans les arts contestataires (voir par exemple la chanson Vieux con de Didier Super en 2016), s’est exprimé dans les années 2010 à travers l’expression « OK Boomer », utilisé par ces générations de l’ombre à l’encontre des baby-boomers qui leur font la morale. Ce slogan a été très repris dans les médias, les réseaux sociaux et les arts.
Les baby boomers ont bénéficié de la croissance économique des Trente Glorieuses avec un chômage faible. Par opposition, les millenials doivent travailler plus longtemps pour payer les pensions des baby boomers et la dette publique qui a été accumulée. De plus, les baby boomers se sont peu préoccupés du réchauffement climatique. Les baby boomers ont bénéficié d’un contexte économique favorable à l’acquisition de propriété immobilière, alors que la situation se dégrade à partir des années 1980. Le patrimoine immobilier moyen des 60-69 ans était en 2010 de 219 100 € selon les chiffres de l’INSEE. »
SOURCE https://fr.wikipedia.org/wiki/Baby-boom
Pour Bruce Cannon Gibney, A Generation of Sociopaths, les boomers incarnent à leur filiation une « génération de sociopathes ». ils ont hérité d’une société admirablement gérée par la génération qui avait fait la guerre, des gens sobres et compétents, dévoués au bien commun. Grâce à la perspicacité et à la mesure dont avaient su faire preuve leurs parents, les boomers ont pu vivre leur jeunesse dans l’opulence optimiste des Trente Glorieuses. Mais plus ils ont accédé aux leviers de décision, ce qui aurait commencé dès 1987, toujours selon Gibney, plus la machine s’est enrayée. Ils ont, en effet, utilisé leur pouvoir politique pour favoriser leurs propres intérêts. Ils ont acheté des maisons en période d’inflation, durant les années 1970, remboursant avec de la monnaie de singe. Les réformes fiscales se sont succédées – toujours dans le même sens, celui qui a permis de protéger l’enrichissement des boomers.
Pour la journaliste Jill Filipovic, OK, Boomer, Let’s Talk : How My Generation Was Left Behind qui appartient au staff éditorial du New York Times, les boomers ont trahi leurs idéaux de jeunesse : beaucoup d’entre eux ont basculé vers la réaction, en vieillissant. Un phénomène qui aurait débuté dans les années quatre-vingt. A présent, ils entendent jouir d’une vieillesse confortable, en sacrifiant, là encore, les jeunes générations. La crise du COVID est en train de provoquer la ruine des personnes récemment arrivées sur le marché du travail. Tous nos pays se mettent en panne pour sauver les boomers qui ne laisseront décidément derrière eux que des ruines.
On retrouve la même férocité chez Helen Andrews, peut-être plus redoutable encore parce que l’éditorialiste écrit au vitriol et d’une plume acérée. Elle a eu l’idée de partir de cas concrets, plutôt que de se contenter de généralités ou de statistiques. Elle retrace la carrière de six boomers célèbres et qu’elle juge emblématiques de toute la génération : Steve Jobs, le fondateur d’Apple, l’essayiste féministe Camille Paglia, l’économiste Jeffrey Sachs, le pasteur pentecôtiste Al Sharpton, qui fut le manager de James Brown, le scénariste et producteur de cinéma et de télévision Aaron Sorkin, et Sonia Sotomayor membre de la Cour suprême.
Si l’on comprend bien, ce qu’ont eu en commun tous ces boomers typiquement américains, c’est une tendance à l’hubris, un orgueil démesuré qui les a souvent conduits à sortir de leur domaine de compétence, à en faire trop… et à provoquer des catastrophes, en partant de bons sentiments. Finalement, c’est peut-être ça qu’on peut surtout reprocher aux boomers.
PODCAST Radio France de janvier 2021 qui enfonce le clou
Peinture de Francis Bacon, Head VI, 1949
Voir également la tribune de Serge Rivron sur PAA : www.guillaumehoogveld.net/serge-rivron-journal-inedit-sous-les-paves-les-profiteurs/