Voyage Extime

Pour William, blessé qui renaitra. Avec l’affection des profondeurs.

J’ai perdu ton nom dans les promesses de l’aube
Toi aussi  tu as cru aux chimères de l’alchimie
Tu y croyais fort tu la serrais contre toi cette unité discrète inouïe
Celle que tu aimais par dépit associer à la valeur Esprit
sans que ça te casse
sans que ça te fasse mal
Tu aurais donné ta vie pour une sensation un changement d’état
d’être ailleurs quelqu’un d’ailleurs un passeport à mille-feuille un vrai

Tu as donné ta vie tu as composé avec la sève montante en toi et tu t’es libéré de tes épines
tu nous as désertés pauvres de nous sans aucun bagages aucun autre visage possible
aucune autre parole palpable
horizon à zoner où tu savais hanter celui des mers aux mille boussoles

J’ai perdu mes origines lors d’un voyage extime
Et il n’y a qu’ à penser ou parler poliment
Observer le tempo et le rythme ses chants
Des pièges de la Beauté qui viennent ici s’échouer

Replier ses mâchoires pour endosser
Le costume déjà nu
Des vacarmes urbains que seul un bunker
Pourraient taire.

J’attends l’ami qui doit venir qui est venu qui chante ma distance
Que craignez-vous de moi sinon une fidélité à l’absence
Et du sang 24 pour cent d’espérance…
Autant qu’on en mettrait dans la vie à travers les lignes de la main suiffées d’échange les rames de tram les incidents horaires les fuseaux du même nom et aussi les caténaires, va-et-vient de colères
ou une séquence un billion de transits d’une série de nombre d’unités barbares sans papiers portant en eux tous les rêves du monde la vue de la mer encerclant Naples
de son déluge de Beauté sérénissime
Le gain d’un trader débouclé dès l’aube
Les pulsations du RER
Ou bien tout quitter pour tenter Venise ailleurs qu’à Venise ou
Voir Venice Beach en se rappelant le testament sublime de Jim Morrisson parti chercher les mots à Paris et trouver « The end », signer les textes de sa première chanson qu’il semblait mettre en œuvre par son seul arrêt du corps
A Paris comme Wilde dans les derniers marchands de sommeil
Lui qui comptait la nuit mieux que personne,
n’avait plus la force de trouver l’éveil

©Guillaume HOOGVELD #2018 pour le texte
©Peter Blank #2015 pour la photographie