Je te cherche encore / Inédit de Mérieau / Source FB

Black Zone Myth Chant

Que faire du très mauvais poème dont le brouillon est aussi gris qu’une attaque de souris ? J’allais le recopier quand j’ai reçu cette missive, torpille qui me prouve s’il le fallait encore à quel point l’amour le plus pur n’empêche pas les motifs les plus stupides, un aveuglement volontaire si scandaleux qu’une loi devrait le réprimer durement, de sorte à ce que cela ne se reproduise jamais. Aimer à perte devrait être rangé au rang des crimes et des délits.

Face au décor – puisque sans collision ni feu tout fait décor – je te cherche encore : entre les poteaux qui ne soutiennent rien, les ramures hésitantes, sous la table où le musicien a posé ses machines, aux franges du tapis qui à même la terre délimite la scène. Dans les rais du soleil déclinant, les montants de métal plié, au fond du verre, sous la chaise, dans les détritus, les sacs à main, les billets grattés, je te cherche encore et moins tu apparais plus je te sens vibrante, aussi vive et pleine que l’espace ouvert et vide. Qui n’est pas sans rappeler, par sa souplesse oublieuse, le soutient dont tu me gratifiais sans faillir. Tout vient à manquer, y compris les crises, les défauts et les tortures : ici réside le véritable scandale.

Épilogue : le drame de l’artiste est que son art ne peut pas faire barrage, sa fonction étant à l’inverse de tout laisser passer, tout restituer – si ce n’est même avec une force accrue.

Posté le 2 juillet 2022 sur FB
#JulieMerieau
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